Viager : vos ainés veulent-ils vous déshériter
ou lutter contre leur solitude ?
Lorsqu’un de nos ainés évoque le viager, souvent les héritiers entendent « je veux vous déshériter », mais est-ce vraiment le cas ?
Y a-t-il beaucoup de séniors qui se lancent dans cette démarche uniquement dans ce but ? Souvent, cette pensée a pour origine un manque de dialogue intergénérationnel. Elle n’est jamais rencontrée dans les familles qui sont véritablement unies.
Reprenons l’histoire de nos vies.
Un beau jour vous êtes arrivés dans la vie de vos parents 😊. Que ce soit par envie ou par accident, vos parents ont ensuite pris soin de vous. Même si chaque cas est spécifique, on peut très majoritairement constater (et heureusement) qu’ils ont toujours cherché à œuvrer pour le mieux. Ils ont fait ce qu’ils ont pu, avec les moyens à leur disposition, en espérant le mieux pour vous (indépendamment du résultat 😉).
Puis un jour, vous voilà parti voler de vos propres ailes. Le cycle logique de la vie, et qui signifie également que vos parents ont réussi leur mission : vous rendre autonome !
La vie continue et parfois des griefs peuvent s’installer dans les familles à cause de paroles malheureuses, des jalousies dans les fratries, d’une relation amoureuse ou simplement la vie nous absorbe tellement que l’on en oublie nos parents ou grands-parents… Ils se retrouvent seuls.
Être seul, lorsque l’on est actif nous n’imaginons pas ce que c’est. Quand nous sommes seuls à nos âges nous continuons d’avoir une vie sociale en allant travailler, chercher notre pain, en allant au sport ou nous croisons des personnes en allant nous promener. Même si ce n’est pas pour vous une véritable vie sociale via un cercle amoureux ou amical, certains de nos aînés n’ont même pas ça.
Imaginez ce petit papi de 80 ans, veuf, qui ne connait pas ses petits-enfants alors qu’ils sont dans le même village. Qui ne peut plus sortir de chez lui car son état de santé ne le permet plus. Où mêmes les personnes qui doivent lui apporter ses repas ne font pas l’effort de monter chez lui et lui posent le plat devant le garage alors qu’il ne peut pas descendre. Pas de visite, pas de compagnie si ce n’est le médecin une fois par mois, ni de smartphone pour lui tenir compagnie. Et oui, n’oublions pas non plus l’exclusion numérique des anciens… Cet abandon des personnes âgées et leur souffrance nous les côtoyons (trop) souvent en tant que viagéristes.
Alors, que peuvent faire ces seniors abandonnés qui de surcroit peuvent avoir une perte de mobilité ?
Saviez-vous que cet isolement social est en corrélation directe avec le niveau de précarité ? Un retraité milliardaire (pour forcer le trait) aura toujours plus de relations qu’une personne sous le seuil de pauvreté (plus de 10% des plus de 85 ans) car il aura beaucoup plus d’occasions et de moyens pour construire des relations sociales.
Les seniors abandonnés n’ont pas toujours les moyens financiers pour se faire aider (toilette, ménage, repas, aménagement du logement) et les demandes de financements sont complexes. Les personnes seules laissent souvent tomber car elles ne savent pas où trouver de l’aide. Si en plus à cela se rajoute un problème de mobilité, l’isolement est total.
Devraient-elles solliciter leurs enfants en tant qu’obligés alimentaires afin qu’ils mettent la main à la poche ? Et oui car la solidarité ne va pas que dans un sens… Non, car bien que ces seniors n’aient peu ou plus du tout de contact avec leurs enfants, ils n’en restent pas moins des parents… Ils ne veulent pas leur infliger ceci et être un poids pour eux.
La meilleure solution alors ? Vendre en viager ! Non pas pour que les enfants ne touchent pas « leur » héritage le jour de leur disparition, si tenté que cela est un dû ! Non, mais pour sortir de la précarité dans laquelle ils sont le plus souvent. En effet, pour eux vendre en viager leur permet de rester vivre chez eux, et ainsi garder leurs repères si importants, et avoir des liquidités supplémentaires pour vivre décemment, avoir ce jour de ménage, cet accompagnement pour la toilette, ou une société qui sonne et apporte le plat à la porte. Souvent ils souhaitent également donner une partie de l’argent du bouquet à leurs enfants ou petits-enfants, malgré les circonstances, ou le placer dans une assurance vie avec comme bénéficiaires leurs enfants malgré leur absence.
Si la solitude ne sera pas totalement comblée car les plus proches dans leur cœur seront toujours absents, ils seront au moins accompagnés d’aidants qui place l’Humain au cœur de leur vie.